event numéro 7 / BEACH PARTY

Il fait trop chauuuud ! Ah non mais vraiment là j’en peux plus ! C’est quoi ces températures de merde, c’est pas possible, quelqu’un a ébréché l’entrée en Enfer et le gouvernement tente d’étouffer l’affaire c’est ça ? Franchement si c’était vraiment ça je serais même pas étonnée, parce que là on atteint des stades qui sont carrément à faire pâlir d’envie tous les déserts du monde… Ca fait des jours et des jours que c’est comme ça, et moi, j’en ai juste ras la couette d’expérimenter la vie de l’étoile de mer tous les jours dans mon lit ou mon canap… en plus mon ventilo il est pété, et autant vous dire que ça a été le drame de ma vie… j’crois que j’ai jamais autant sué de ma vie, j’dois vraiment être au comble du sexy ! Mais- euh, j’crois que j’ai déjà perdu le fil, j’voulais dire quoi, moi, déjà ? ...Ah ! Oui. Du coup ouais j’en ai grave marre de rester chez moi comme ça comme une âme en peine, et du coup j’ai rassemblé tout ce qui me restait de force pour attraper mes affaires de bains et mettre des tongs. Aujourd’hui y’a un truc à la piscine et je préfère nettement me baigner dedans plutôt que dans ma sueur. Bon par contre j’suis pas épilée mais trop la flemme sérieux, ‘fait trop chaud pour s’infliger une torture pareille… Et de toute façon, les bienfait d’être rousse, okay j’ai pas d’âme et j’sens la carotte, mais au moins j’suis vraiment pas poilue ! Et puis au pire si un connard me fait une remarque, j’lui sortirais un gros discours féministe en lui gueulant dessus pour lui foutre la honte, j’suis sûre ça serait grave drôle. Bon en tout cas moi ‘faut que j’me dépêche tant que c’est encore le matin, ou sinon, il va y avoir toutes les places intéressante de placage de serviettes qui vont être prises et ça c’est pas question pas question, j’veux pas de place au soleil moi, ah ça non ! Allez ma vieille du coup, ‘faut y aller ! Pendant le trajet, c’est la même galère, j’crève vraiment de chaud et j’ai envie de mourir de flemme à chaque nouveau pas que j’fais… Mais bon, comme j’suis grave courageuse comme nana j’finis par réussir à arriver au bout, et franchement j’suis contente y’a encore pas trop de monde ! Ah ouais, ça a des avantages d’être une lève tôt ! J’suis sûre y’en a plein ils roupillent encore pépère comme des gros tas alors que moi ça fait déjà des heures que j’étais debout à mourir de nouveau chaque seconde ! … ouais nan, pas sûre que ça soit vraiment une chance, en vrai. Mais bon moi au moins, j’aurais le luxe d’avoir un transat à l’ombre, et toc, dans vos dents les gros tas qui roupillent ! Du coup ouais j’m’instale, j’me tartine de crème solaire -parce que bon, toi même tu sais la peau des rousses, hein, c’est vraiment pas un mythe- et puis j’me lève un peu d’mon transat histoire de faire un tour d’horizon des gens. Avec mes lunette de soleil et le p’tit monde que y’a quand même -alors ouais j’sais j’viens d’dire que y’avait personne, mais, genre, y’en a pas autant que ce à quoi je m’attendais, quoi- j’arrive pas tellement à me faire un quota du ratio des gens que j’connais et gens que j’connais pas. Mais bon, j’m’en tape, au final. J’hausse les épaules, désinvolte, et j’décide de rentrer dans l’eau de la meilleure des façons : par un joli plongeon ! Avec un peu d’élan, j’me mets à courir, je saute, et puis SHPLAF Barbie est dans la place ! Quand j’remonte à la surface, j’peux pas m’empêcher de sourire en même temps que j’dégage mes cheveux d’ma face, parce que p’tain ça fait trop du bien, quoi. Et puis j’me rend compte que ça râle à côté d’moi. J’peux pas m’empêcher d’avoir un rire un peu insolent, alors que j’me tourne vers la personne qui a décidé de faire chier son monde « bah putain si t’as peur de t’recevoir un peu d’eau dans la gueule tu t’es gouré d’endroit » non parce que sérieux, râler de finir mouillé à la piscine, c’est presque aussi con que de râler d’avoir chaud dans un sauna, quoi ! Détendez vos slips les gars, on est là pour se détendre...

Beach Party

Damian & everyone

— Mais c’est quoi exactement le piège, là ? Depuis quand tu kiffes aller à la piscine blindée de monde toi ?
Après avoir payé leur place, Dam et son petit frère se retrouvent entre ces grillages blancs qui entourent la piscine de Canaryville, faible rempart qui sépare le désert ardent de la seule source de fraîcheur de la ville, aujourd’hui remplie d’une foule en quête d’amusement dans ce quartier un peu trop maussade le reste de l’année.
— J’ai jamais dit que j’aimais aller à la piscine blindée de monde, répond Luca, tout naturellement, sous l’œil perplexe de Damian. Parce que ce dernier sait mieux que quiconque que son jeune frère déteste la foule, le trop-plein de monde, et qu’il n’a jamais été un grand fan des bassins d’eau potentiellement trop profonds non plus, comme il aime le spécifier. Alors le fait qu’il veuille venir ici n’a aucun sens, en soit. J’y vais pour un but bien précis, vois-tu, jeune padawan, continue-t-il, désormais d’un air malicieux.
Et Dam roule des yeux, mi-blasé mi-amusé. Son frère est malin et intelligent, si ce n’est presque fourbe, il le sait pertinemment, et il a un peu peur de savoir ce qu’il a réellement derrière la tête.
— Bon allez, crache le morceau, qu’est-ce qu’on fout là ?
Luca garde le silence, sa serviette sur l’épaule, son ballon sous le bras, il accélère un peu le pas, faisant le tour du bassin, grimaçant quand il se fait arroser par une personne non identifiée qui vient de sauter sans aucune grâce dans l’eau – suivi de près par Damian, qui observe distraitement l’agitation autour de lui, puis qui surveille son frère du coin de l’œil, aussi. C’est quand ce dernier se met à fixer un point précis dans la foule qu’il tique, suivant son regard sans trop comprendre : il y a des têtes qui dépassent de l’eau, trop sûrement, mais aucune qu’il reconnaît vraiment, alors il ne pige toujours pas.
Puis en fait, d’un coup, il saisit enfin. Lui-même ne sait pas comment il a fait, mais l’objectif de Luca se dessine alors dans son esprit et il ne peut s’empêcher d’éclater de rire, trottinant jusqu’à son frère pour le rattraper puisqu’il a continué son bout de chemin sans l’attendre.
— Sérieusement ? Tout ça pour des gonzesses ?! Luca !
Il ne s’arrête pas de ricaner, vil moqueur qu’il peut être quand il s’y met, mais il doit bien avouer que la situation est vraiment cocasse, à bien y réfléchir. Et la tête que tire son frère, presque boudeur, lui confirme alors son hypothèse ; il a bien reconnu la gamine que Luca tente de conquérir depuis plus d’une année maintenant.
— Tu tiens pas de moi pour le côté “excellent charmeur” toi, ça se voit, lance-t-il, taquin.
— Toi, excellent charmeur ? Laisse-moi rire ! Ça fait combien de temps que t’es célibataire déjà, rappelle-moi ?
Jolie pique envoyée par Luca blessé dans son estime, Dam pouffe de rire alors que les deux frères s’arrêtent enfin de marcher, se tenant tous les deux au bout de la piscine, distancés du bord.
— Ça n’a rien à voir avec le célibat déjà, réplique l’aîné, comme offensé. Faut vraiment que je t’apprenne tout.
— Pff, va voir plutôt ailleurs si j’y suis, tête de gland, s’exclame Luca d’un sourire narquois en lui jetant brusquement le ballon dans la figure.
Dam laisse échapper un nouveau rire, à peine étonné des propos tenus par le gamin, esquivant de justesse l’attaque bien qu’il n’a pas eu le temps d’attraper le ballon pour le lui renvoyer. Ce dernier finit donc sa course plus loin derrière Damian, cependant quand il se retourne, il ne parvient pas à le trouver du regard ; sûrement quelqu’un l’a-t-il déjà ramassé. Et comble de l’ironie, ce foutu gosse qu’il est censé surveiller se barre déjà il-ne-sait-où, laissant son aîné sans ballon, seul comme un idiot près de la piscine, au milieu des autres gosses qui courent, qui se chamaillent, qui sautent, qui s’arrosent ; qui vont finir par le rendre fou, aussi, certainement.

heat wave