(#1) one of those nights // damila

Hey, can you meet me tonight in detention ? I can feel your blood pressure rise, fuck this tension, let me crawl up into your mind, did I mention ? Pretending everything's alright is detention. @Darla Burkhart

Il n’est pas du genre à converser avec ses collègues, Damian. Plus réservé que sociable, en temps normal, les discussions s’arrêtent à la limite de quelques salutations, plus par politesse qu’autre chose, et à l’échange d’informations utiles pour le travail. Ce n’est pas qu’il n’aime pas les gens – quoique ça pourrait être une très bonne excuse –, c’est juste qu’il vient au boulot pour gagner son salaire, pas pour se faire des potes, il juge que ce n’est pas forcément nécessaire. Ça l’épuise, de sociabiliser quand il n’en trouve pas l’utilité, même avec des personnes qu’il apprécie un tant soit peu – « laissez-moi dans ma bulle », qu’il pense fort quand quelqu’un ose s’approcher du barman solitaire, planqué toute la soirée dans sa forteresse bancale qu’est son comptoir, pour dire autre chose qu’un simple nom de boisson.
Mais en général, il n’a aucun problème avec quiconque. Damian, il ne laisse rien paraître, mais c’est comme buter contre un mur invisible quand on tente d’entrer dans son espace vital. Il ne repousse pas, jamais, ce n’est pas son genre – c’est son aura emplie d’ondes indéfinissables, mystérieuses et sibyllines qui finissent par nous faire partir, telle une force énigmatique dont on ne réussit pas à mettre la main dessus. C’est au-delà du concret et de la réalité, c’est au-delà du compréhensible, c’est simplement Damian.

Et puis, voilà qu’interviennent les obstacles de la vie, aussi anodines que pénibles, les éléments perturbateurs, ce qu’il qualifierait sans problème “d’ennuis” si il a le malheur de croiser ces regards pétillants, ces visages innocents, ces cocktails de faux-semblants. Il paraît qu’il est convoité par certaines filles, le barman solitaire, de ces anges pleines de charme et de promesses qui tendent plutôt vers l’image de succube, quand la nuit se lève et retire les masques.
Il s’en passerait bien, Dami. Il n’a pas l’arrogance de s’en vanter et l’audace d’en profiter, il veut juste ignorer comme il peut. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
— Salut Damian.
La voix envoûtante, aux douces sonorités, peut-être que ça en charmerait plus d’un. Peut-être que ça fonctionne, d’habitude. Lui, ce n’est qu’un frisson le long de son échine qu’il ressent, plus provoqué par la gêne que par l’effroi même.
— Salut Darla, qu’il répond d’une voix neutre, sans lui jeter un seul regard.
Il l’apprécie, la benjamine Burkhart, parce qu’il ne peut pas en dire autant de son frère, mais voilà ; c’est compliqué. Ils ne se côtoyaient pas des masses, à l’époque, quand il passait à vélo devant chez eux et qu’il la voyait, elle, la petite blondinette aux grands yeux ambrés, avant qu’il ne rejoigne son aîné pour se battre comme les deux idiots qu’ils étaient. Il ne faisait pas forcément attention à elle, avant, Darla.

Puis ils ont grandi, elle plus vite que les garçons, sans nul doute. Il y a eu les réseaux sociaux, les messages, les tentatives de rapprochement, les snaps envoyés tard le soir. Il l’aurait prévenu, Yancey, s’ils étaient amis tous les deux – mais force est de constater que ça n’a jamais été le cas.
Et que Darla ait le même âge que sa sœur, qu’elle pourrait être la sienne, en comparaison, ça lui glacerait presque le sang. Dans cette situation délicate dont il n’arrive toujours pas à se libérer, il se dit qu’il est peut-être préférable que ça tombe sur lui plutôt que sur un taré qui sauterait sur l’occasion, pas vrai ?

— Je finis mon service à 5h aujourd'hui. Ça te dirait qu'on se voit après ?
Elle ne lâche pas l’affaire, Darla, aussi butée que son frère quand elle a une idée en tête, aussi merdique soit l’idée en question. Il lâche un rire jaune, Dam, c’est plus fort que lui. Puis il lui jette un regard de coin, alors qu’il est en train de ranger des verres, d’un geste mécanique qui n’a plus besoin de réflexion, après tant de temps passé à travailler ici.
— Je t’ai déjà dit, Darla, qu’il lâche d’un soupir. Les verres tintent entre ses mains, il tend le bras pour les placer sur l’étagère au-dessus de lui, l’air exaspéré. De un, j’ai des choses à faire, genre ; dormir. De deux, je suis certain que tu as mieux à faire aussi. Et troisièmement, il se tourne vers elle, s’appuyant sur le bord du plan de travail pour lui faire complètement face, le seul endroit où l’on peut ne serait-ce que se croiser c’est ici, au boulot, point final. Je ne sais pas ce que tu ne comprends pas dans “non”, honnêtement.
Le ton dénué d’émotions quoique véritablement sérieux, d’un calme olympien qui défit les lois de la patience, Dam ne peut s’empêcher de prendre cet air moralisateur à chaque fois qu’il lui parle, à Darla. Parce que ça le dépasse, cette histoire, ça le décourage et il ne sait plus quoi faire, à ce stade.

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Elle ne lâche pas l’affaire, Darla. Elle ne le lâche pas lui surtout ; telle une lionne aux griffes plantées dans la chair de son prochain repas, tel un aigle aux serres farouchement agrippées sur son festin, une prédatrice qui n’en démord pas et qui ne laissera échapper sa proie pour rien au monde. Il voit bien que ça ne marche pas, les propos censés la raisonner, censés la faire reculer, censés la faire fuir une bonne fois pour toute.
Ça l’agace et il sait, Damian, que derrière ses innombrables refus, ses absences de réponses, ses tentatives de l’ignorer, Darla croit y voir un challenge, un défi de plus à relever, sans nul doute. Séduire le rival de son grand frère, n’en voilà pas une, d’idée exquise de rébellion contre l’autorité, d’idée cataclysmique qui ne pourrait mieux germer que dans une cervelle de gamine de dix-huit ans ?
Ça l’agace, Dam, de ne plus savoir quoi faire. Il pourrait très bien l’envoyer violemment bouler – ce n’est pas faute d’avoir essayé, honnêtement – qu’elle reviendrait le jour d’après avec son sourire charmeur et sa démarche féline, incapable de se faire à l’idée que “non” puisse réellement dire non.
Les dernières danseuses prévues pour ce soir entrent dans le bar, sac à l’épaule, en papotant joyeusement, sans vraiment remarquer la discussion un peu étrange qui est en train de se dérouler derrière le comptoir. Damian a juste le temps de les suivre du regard, du coin de l’œil, non pas pour les reluquer ou rendre Darla jalouse, espérant simplement, bêtement, que l’une d’elles ait la gentillesse de venir l’aider à se sortir de cet embarras – voilà à quoi il en est réduit –, mais la jeune Burkhart semble déjà s’être approchée de lui à pas de loups, véritable chasseuse qu’elle semble être.
— Je sais pas, je me dis qu'on pourrait dormir tous les deux un de ces soirs alors ? Puisque tu tiens tant à ton sommeil.
Il la dévisage d’un air blasé, montrant là tout l’intérêt qu’il porte à sa proposition – c’est-à-dire aucune –, alors qu’elle lui adresse un clin d’œil explicite, un sourire carnassier aux lèvres. Elle ne lui laisse pas le temps d’agir quand elle pose ses mains sur son torse, quoique Damian s’empresse néanmoins de lui attraper brusquement les poignets pour l’empêcher de faire quoi que ce soit d’autres, jetant même une œillade vers la salle pour s’assurer que personne ne soit en train de les observer. Il ne voudrait pas que les collègues se mettent à penser qu’il se passe un truc, encore elle et lui ; il aimerait garder son job, si possible.

— Donne moi une seule bonne raison pour laquelle tu ne veux pas me voir.
Elle recule, s’échappant de son emprise, croisant délicatement les bras sur sa poitrine, le défiant du regard. Lui l’imite simplement pour ériger une énième barrière entre eux, barrière qu’elle n’a pas l’air de prendre au sérieux, ceci dit.
— Si elle me satisfait, je te laisserai tranquille.
Il roule des yeux, Damian, pousse un soupir désespéré, parce que là aussi il sait ; il sait que ça ne sert à rien, que quoi qu’il dise, elle trouvera un moyen de le contredire. Il pourrait même rentrer dans son jeu afin de la perturber qu’elle verrait plutôt là une faille dans la forteresse si durement construite – y a-t-il ne serait-ce qu’une solution pour qu’elle cesse ?
— Arrête de me prendre pour un con Darla, qu’il siffle, irrité.
Il est presque blessé dans son ego Dam, à ce stade, alors qu’il se retrouve piégé derrière le bar par cette blondinette de dix-huit ans qui a grandi trop vite, trop tôt, trop brusquement pour qu’il puisse le remarquer.
— C’est pas à toi de poser les conditions, il me semble. Il jette un coup d’œil vers l’entrée du bar quand il voit quelques clients s’engouffrer dans l’obscurité du Foxy’s, puis reporte son attention sur elle, mâchoire contractée par l’agacement. T’as l’âge de ma sœur, bordel, c’est plutôt à toi de me donner une bonne raison pour que j’accepte de te voir.
Puis soudainement, y’a comme une lueur narquoise qui s’allume dans son regard, sorte d’ampoule qui apparaît au-dessus de sa tête, sourire malicieux que ses lèvres esquissent. C’est pas une bonne idée, pourtant c’est la seule qui lui vient à l’esprit, gouffre de désespoir dans lequel il se trouve.
— Ouais, c’est ça tiens, il attrape un shaker qu’il lance en l’air pour l’attraper habilement de l’autre main, trouve-moi une seule bonne raison pour que j’accepte, et peut-être que j’accepterai. Sinon, t’es obligée de me laisser tranquille.
Quitte à être pris pour un con, autant renverser la situation. Il adresse ensuite un coup de menton vers le reste de la salle en la quittant du regard, presque arrogant dans l’idée, plus moqueur que jamais :
— Fais gaffe, les clients vont s’impatienter. Et je te préviens, t’as pas toute la nuit pour me convaincre.
Aucune chance qu’elle gagne, désormais, pas vrai ?

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Damian est un abruti. C’est ça le problème, aussi ; il ne peut être qu’un abruti, à se faire avoir par une gamine même pas encore majeure, lui qui pense avoir un minimum de jugeotte, pourtant. C’est qu’il est à cours de ressources, en même temps, alors c’est le désespoir qui parle, surtout.
Qu’est-ce qu’elle peut bien lui trouver pour être aussi insistante, Darla ? Qu’est-ce qu’il a de plus que les autres gamins qu’elle pourrait se taper mille fois plus facilement ? La difficulté du gain, sûrement, très clairement, sans aucun doute possible. Le challenge qu’il représente, lui, pauvre garçon réduit au simple rôle de trophée, tête précieuse à accrocher sur un tableau de chasse pour la beauté du défi, pour la gloire d’avoir réussi à se le mettre dans la poche.
Il rumine en plissant le nez quand il l’écoute parler – c’est qu’il a encore la gentillesse de l’écouter, en plus de ça, trop bon trop con – alors que le regard de la demoiselle, soudainement, semble lui jeter des éclairs.
— Je te prend pas pour un con Damian, réfléchis deux secondes. J'aurai arrêté il y a longtemps si c'était le cas.
— Ah, dans ce cas, prends-moi pour un con quand tu veux, je m’incline.
Parce qu’au fond, elle a raison sur un point : c’est que que tout aurait pu se jouer différemment dans cette histoire, en fin de compte. Elle aurait pu cesser de l’idôlatrer au moment où elle passait les portes du lycée pour la première fois, ou peut-être qu’elle aurait pu continuer, mais comme avant ; c’est-à-dire silencieusement, discrètement, d’une façon qu’il ne se rendrait même pas compte de sa présence dans sa vie. Cruellement, il aurait préféré l’une de ces options-là.
À deux doigts de la jeter dans la fosse aux lions pour s’en débarrasser, paroxysme du découragement et du désespoir d’un garçon envié contre son gré.

— Tu veux bien arrêter de ramener ta soeur ou un autre membre de ta famille dans ta vie amoureuse ou sexuelle ? Franchement, ça devient flippant. Elle rit, d’un rire presque démoniaque aux yeux de Damian, digne d’une véritable succube tandis que ces propos lui foutent des frissons désagréables de dégoût dans le dos. J'ai d'autres moyens de te prouver que j'suis pas comme ta soeur, tu sais.
Il soupire, silencieusement, puis ferme les yeux quelques secondes d’un air tout à fait blasé, avant de lui jeter un regard exaspéré, ignorant royalement le signal pourtant évident qu’elle lui envoie. Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça, sérieusement ?
— L'excuse de l'âge, c'est du bidon Dam. Quatre ans c'est rien, surtout maintenant.
— Tu sais très bien que ce n’est pas qu’une question d’âge, arrête de jouer l’idiote comme ça, Darla, répond-il d’une voix neutre, roulant des yeux, imperturbable.
Il s’apprête à parler de nouveau, pour répliquer, sauver le peu d’honneur qu’elle est en train d’écraser sous les semelles de ses talons, mais elle le devance alors qu’il sent son souffle dans son cou, le faisant presque sursauter.
— Tu as peur de découvrir que je te plais et que je peux t'apporter toute sorte de choses positives. Du plaisir, de l'attention... Tu as juste peur de ça parce que je suis la petite dernière des Burkhart. Il laisse échapper un rire jaune, se montrant incroyablement indifférent aux paroles de la demoiselle, guère troublé par sa voix sensuelle dans son oreille – il est plus endurci que ça, Dam, pas vrai ? Du moins, jusqu’à ce qu’elle lâche, narquoise : Tu as juste peur de Yancey.
Il tourne brusquement la tête vers elle, presque outré qu’elle puisse dire une chose pareille. Lui, peur de Yancey ? Bordel, ça se saurait si c’était le cas ; il serait presque prêt à avouer que c’est la benjamine Burkhart qu’il craint le plus entre les deux. La brutalité de l’aîné bourrin, il maîtrise, mais la fourberie de la plus jeune, c’est moins dans ses cordes.
Pourtant, il n’a pas le temps de répliquer qu’elle fuit déjà pour aller s’occuper des clients. Il suit sa démarche féline d’un oeil irrité, agacé, faisant tinter les verres encore plus bruyamment entre ses mains.
Un partout.

Lui se remet au boulot aussi, non sans un certain énervement persceptible même par les clients qu’il serre. Une dizaine de minutes passent que la petite blonde ne revienne, restant cette fois derrière le comptoir pour récupérer les boissons commandées. Damian ne lui darde aucune oeillade ; touché dans son ego serait un euphémisme, à ce stade.
— C’est dommage, lance-t-il par-dessus la musique qui a augmenté de volume entre-temps. Il pose les verres sur le plateau de la jeune Burkhart, plantant son regard dans le sien tout en s’accoudant sur le plan de travail, donnant l’étrange impression qu’il est en train de l’admirer sous les lumières des projecteurs, alors qu’un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres. T’es en train de perdre des points, darling.
Puis, tout dans l’allure de ce faux bad boy mystérieux, il lui adresse un clin d’oeil – quoique la comédie jouée relève plus de la moquerie que du véritable sérieux –, sans se rendre que c’est un jeu dangereux qu’il est en train de lancer là, Dam.

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Elle n'est pas bête au fond, Darla, malgré ce qu'il peut lui dire – malgré qu'il lui laisse explicitement penser qu'elle n'est qu'une idiote parmi tant d'autres. Non, elle est loin d'être bête, fourbe et vicieuse, alors d'abord, Damian se braque pour mieux se protéger.
Son agacement, son air dépité, manège incessant et comédie qui fait qu'elle enchaîne à tort et à travers tous les masques possibles pour mieux le duper, il voit clair dans son jeu – il croit voir clair, en tout cas, pas le moins du monde troublé. Plutôt exaspéré, épuisé même, d'être la cible d'un tel... acharnement. Il n'a rien demandé, lui, pas vrai ? Bien sûr que non. Encore un demi-fardeau qu'on lui fout sur les épaules, il ne se plaint pas mais le constate avec amerturme.
Et puis, dans un éclair de lucidité et de réflexion il se dit que, d'accord, c'est peut-être un peu de sa faute aussi. Il pose les barrières mais ne repousse pas assez, il crache sur ce dit fardeau qu'on lui impose mais ne fait rien pour s'en débarrasser non plus. D'une sorte de malédiction qu'il accepte sans broncher, se disant que c'est le destin, que ce n'est pas pour rien si c'est sur lui que c'est tombé ; c'est qu'il doit s'en occuper, s'en charger, gérer ça d'une main de maître comme il commence à l'apprendre au Foxy's. Il a des responsabilités en masse Damian, il le sait, il râle intérieurement, mais voilà qu'il ne dit rien en façade, parce qu'il a toujours fonctionné ainsi.

— Ah oui ? Et quel point Damian ?
Elle pique mais finit par se replier, la vipère. Il le sent dans sa voix qui, pour une fois, ne se veut pas mielleuse quand elle prononce son prénom. Il en viendrait presque à foncer les sourcils, tiqué, si il ne profitait pas du renversement de rôle qui vient de s'effectuer. Il peut bien jubiler quelques instants, maintenant que c'est lui qui la mène par le bout du nez, non ?
— Arrête de te foutre de ma gueule juste l’espace d’un instant et je penserai à te laisser tranquille.
— Ça n'a aucun sens ce que tu dis, Darla.
Il doit bien le faire remarquer, au bout d'un moment. Son air faussement narquois s'évapore et le voilà qu'il reprend son visage sérieux du jeune homme mature et responsable qu'il doit être face à la demoiselle – à deux doigts de ressembler à une figure autoritaire quoique paternelle, c'est plus fort que lui.
Il soupire ; elle a l'air blessée dans son ego, la blondinette, il ne pensait pas avoir un tel pouvoir d'impact sur elle ceci dit... ou alors elle est très bonne comédienne. À la dévisager dans l'obscurité, sous la lueur des stroboscopes, il n'arrive pas encore à se décider, Damian.
— Il faut savoir ce que tu veux. Tu joues à un jeu en sachant pertinemment que tu vas perdre, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, finit-il par répondre calmement, digne d'un grand sage, quoiqu'assez fort pour surpasser le son de la musique. Je ne sais pas ce que tu veux exactement de moi et mon but premier n'est pas de te blesser, il se redresse, quoique toujours appuyé sur le rebord du plan de travail, penché vers elle, mais dans tous les cas, peut-être qu'il serait de temps de te faire une raison.
Et cette fois, c'est dit avec une certaine bienveillance sortie d'il-ne-sait-où ; quoiqu'avec détachement, comme toujours, il ne faut pas trop lui en demander. Alors il hausse les sourcils, sérieux, comme toujours, un poil moralisateur, ceci dit.
— Commence à réfléchir à ce que tu veux réellement, Darla. Après... après on verra.
Conseil envoyé entre les boum-boum de la musique, sans même se rendre compte qu'au fond, il pourrait s'appliquer à lui-même.