Intrigue générale et inscriptions / le retour

Canaryville n’a jamais été un quartier calme et tranquille, tous les habitants vous le diront. Canaryville, c’est une mer trouble, un peu agitée sur laquelle on navigue, mais on s’y habitue vite, on prend la barre et on vogue comme on peut sur ses vagues intempestives.
Pourtant il y a comme une tempête, qui se dessine à l’horizon. Des nuages noirs, le vent qui se lève, le tonnerre qui gronde, les éclairs qui fendent le ciel orageux ; il se prépare quelque chose, à Canaryville. Quelque chose de sombre et dangereux qui pourrait toucher plus de monde qu’on ne le pense,  un tsunami qui risque de tout ravager sur son passage. Personne ne sera assez à l’abri, qu’importe la maison, qu’importe le rôle, qu’importe la classe sociale. Mais qu’est-ce qu’il se trame, dans les rues sombres de ce quartier, au juste ?
Y’a une envie de gloire, d’argent, de pouvoir, une envie de prendre le trône, de retourner le système, de foutre la merde. Et personne n’est prêt, sans aucun doute.

Un samedi soir comme un autre, à Canaryville, minuit passé.
Soirée spéciale au Heaven Club, les gros DJs du coin viennent poser leurs platines pour ambiancer les adeptes de la fête, entrée et premier shot gratuits ; que demande le peuple ? Ça rameute du monde dans les alentours, la discothèque est pleine à craquer, les bars autour en font leur beurre aussi.
Mais ça commence à tourner au vinaigre, y’a des gens qui se battent, des fous furieux sur la route, des corps qui tombent dans l’inconscience, un par un, et des gens qui perdent la raison, à la pelle ; il n’est à peine une heure du matin, et il y a comme un arrière goût d’apocalypse dans le quartier.
Au final, c’est la clinique qui finit par en subir les conséquences. Les patients qui passent les portes des urgences ce soir-là se comptent bientôt par centaine, et le personnel soignant ne sait plus où en donner de la tête. Les inconscients prennent tous les lits disponibles, les blessés s’entassent dans le service, parmi ces gens qui n’ont plus toute leur tête, qui ont des hallucinations, qui perdent la mémoire, qui semblent bien au-delà d’une simple ivresse. Souffrants, contaminés, drogués ? Pendant que les médecins murmurent aux hypothèses, on appelle en renfort des infirmières et à l’aide des bénévoles prêts à donner un coup de main pour gérer tout ce monde à une heure si tardive. C’est l’enfer sur Terre, dans la clinique, et tout le monde se pose alors la question : qu’est-ce qu’il s’est passé, ce soir ?

Dimanche matin, un peu avant huit heures. Le soleil brille déjà dans le ciel, saison de l’été oblige, réveillant ces poignées de personnes de leur inconscience, à l’extérieur, dans des ruelles ou des endroits bien trop improbables pour passer volontairement la nuit-là. Parmi ces personnes, il y a l’un de vous. Vous vous retrouvez dans un lieu que vous ne connaissez pas forcément, que vous reconnaissez assez pour savoir que vous êtes toujours à Canaryville ceci dit, mais bien trop loin de votre chez vous et de votre lit douillet. Le problème, néanmoins, c’est que votre mémoire ne semble plus fonctionner correctement ; vous n’avez plus aucun souvenir de la veille, peut-être même des derniers jours, plus aucun souvenir sur ce qui a bien pu se passer hier soir et cette nuit pour que vous finissiez par vous réveiller dans la rue. Le pire, c’est que vous n’êtes pas seuls ; vous retrouvant alors aux côtés de personnes que vous ne connaissez ni d’Ève ni d'Adam, ou avec qui vous n’auriez jamais pu vous retrouver dans une situation pareille volontairement.
Alors quitte à vous retrouver avec des inconnus, autant se serrer les coudes pour retrouver votre chemin, et tenter de vous remémorer les événements qui vous ont conduits là, pas vrai ?