i'll put my armor on, show you how strong i am (ft. deirdre)

30/07/2019

i'll put my armor on, show you how strong i am

You'll never see what's hiding out, hiding out deep down. @Deirdre Byrne

◊ ◊ ◊

Il y a les cris, les acclamations, les sifflements, les rires, une voix féminine qui surpasse toutes les autres, puis des exclamations, encore et encore. Comme un vieux disque qui tourne en boucle, ça ne veut pas s'arrêter un seul instant, ça s'amplifie au fur et à mesure des secondes. Pourtant, toi, tu n'entends rien, Esha. Ça siffle dans tes oreilles, bourdonnement général qui te donne l'impression d'être tellement loin de tout ce foutoir – mais non, t'es bel et bien là, au milieu de ce cirque, au centre d'une certaine attention que tu n'as jamais réellement apprécié, même quand c'est toi qui gagnes. Attention qui te donnerait presque la nausée, en toute honnêteté.
Ou ce n'est peut-être pas à cause de cette attention rivée sur toi que t'as la nausée, Esha, tu ne sais pas ; en tout cas tu l'as, c'est tout ce que tu peux dire. T'as l'estomac en vrac, l'abdomen en souffrance, la cervelle retournée, c'est dur de garder la face.
Pourtant t'es debout, exploit que tu rends là, parce qu'il n'a pas été de main morte, ton adversaire, ce soir. Compréhensible, ceci dit. T'es la première à en profiter quand ils n'y vont pas à fond, t'es la première à râler quand ils te sous-estiment, t'es la première à leur foutre une raclée quand ils te pensent trop fragile, alors il a eu raison, parce que sinon, tu ne lui aurais laissé aucune chance.
Mais ça a résulté en un échec cuisant pour toi. Et ça t'énerve.
Comme toujours quand tu perds, de toute façon. Il n'y a pas une seule défaite que tu vis sans ronchonner, sans refuser d'admettre que, d'accord, on a été meilleur que toi cette fois – non, mais ce soir, ce n'est pas pareil. Ce soir, tu sais que t'as un bon prétexte de ronchonner, et de nier que tu n'as pas été très bonne dans ton match.
T'as encore des traces d'hématomes qui ont viré au jaune sur le corps, t'as ton arcade qui n'a pas bien cicatrisée, t'es certaine que t'as une côte fêlée. Alors tu ne pouvais pas être au top de tes performances, alors c'est injuste – t'as bouffé de l'injustice toute ta vie, c'est pas maintenant que ça va changer. Qu'est-ce qu'ils auraient pu faire, en plus ? Te foutre devant un éclopé pour que ce soit équitable ? Y'a rien d'équitable, dans le Mosh Pit, c'est ça le but.
Pourtant tu rumines Esha, encore, toujours, inlassablement. Ta respiration est plus saccadée qu'habituellement, ton regard se fait plus noir qu'à l'accoutumée, ta posture n'indique rien de bon non plus ; un mélange de furie et de douleur. Ton bras est enroulé autour de ta taille, tu soutiens ta côte abîmée comme tu peux, tu sens du sang couler de ton nez et de ton arcade qui, à tous les coups, s'est rouverte pendant le combat. Quel merdier.

Mais tu continues de fixer le gars devant toi qui se pavane devant ses supporters avec toute la prétention du monde depuis que l'arbitre a annoncé sa victoire. Putain, ça te fait chier – mais tu ne bouges pas d'un pouce, pas encore. Tu ne comptais pas le faire, t'allais bien te tenir pour une fois, parce que t'as plus la force de te jeter une seconde fois dans la bataille, promis juré.
Mais le connard te lance une œillade, à son tour. Un regard empli de mépris, de moquerie, sourire narquois qui veut tout dire. "L'issue du combat n'est une surprise pour personne", que tu crois lire sur son visage – ou alors c'est que ton imagination à deux balles qui parle, Esha. Ce ne serait pas étonnant. Quand t'essayes d'être raisonnable, ton cerveau finit toujours par te trouver un moyen de foncer tête la première dans la gueule du loup, et c'est ce que tu t'apprêtes à faire.
Encore terriblement amochée, arrivant à peine à tenir sur tes deux jambes, tu réussis quand même à taper une accélération jusqu'à ton adversaire qui s'apprête alors à partir, marche rapide mais déterminée, déjà prête à lui sauter à la gorge...
Mais quelque chose – quelqu'un, plutôt, te rattrape avant que tu ne puisses atteindre ta cible. Tu ne réagis pas trop, sur le coup. Tu ne te débats pas non plus, te contentant de suivre du regard le type qui s'éloigne, qui disparaît de ton champ de vision légèrement rétréci – t'es amère.
Puis tu dévisses la tête vers la personne à tes côtés, celle qui t'a arrêtée à temps. Parce que tu ne t'étais pas rendue compte, que tu venais de passer devant elle, mais tu sais très bien qui c'est. Tu croises le regard de Deirdre, tu souffles comme un taureau, tu n'as pas fière allure.
Dans ton regard à toi, t'as l'air en colère et en même temps, tu sembles la supplier de te lâcher. De te libérer et de te laisser finir le travail.
— Lâche-moi, grognes-tu à demi-mot en levant ton avant-bras toujours emprisonné dans sa main. Lâche-moi Dee.
Et t'es à ça de ressembler à un chien contaminé par la rage qui n'attend qu'une chose : qu'on le détache pour qu'il puisse assouvir ses pulsions agressives quoiqu'insensées.

(c) oxymort

03/11/2019

La lune s'est levée il y a plusieurs heures de cela, jetant sa bénédiction astrale sur les sous-sol de l'église, sang craché sous l'impulsion des coups, regards convenus entre les deux sœurs qui viennent ce soir encore, asseoir leur pouvoir sur le ring. Les combats se sont une nouvelle fois enchaînés ce soir, Deirdre qui vient lever le bras du vainqueur en faisant abstraction des hurlements poussés à ce moment là, billet qui lui est glissé discrètement. Parce que le fair-play ne lui importe que très peu, que dans de rares cas, Dee elle aime les billets teintés de vert qui lui sont glissé pour trafiquer les résultats, parce qu'elle a rien à foutre que ce juste ou pas, elle veut juste pouvoir bouffer et payer son loyer. C'est comme ça que ça marche ici, c'est le plus offrant qui gagne si l'arbitre à son mot à dire quant au vainqueur. L'argent ou un KO, c'est le seul moyen pour gagner ici. Elle laisse le choix à personne Dee, lionne qui règne sur la cage, ring de combat teinté de rouge.

Ce soir là, elle lève le bras d'un énième homme qui défile en ces lieux. Sûrement un de ceux qui vient pour ressentir l'adrénaline que provoque le simple lieu, présence excitante, un qu'elle ne reverra jamais. Moment qui dure généralement plusieurs minutes, secondes interminables aux yeux de la brune, ce soir elle expédie. Parce qu'en plus de jouer l'arbitre, elle rafistole les mômes amochés par les poings adverses. Surtout parce que ce soir c'est Esha qui est par terre et qu'elle préférerait crever plutôt que la laisser là, souffrir toute seule. Gamine dont elle s'est entichée, battante, elle ne pouvait que l'aimer au final. C'était sans doute prédestiné. Pourtant quand elle voit les regards échangés, il ne faut qu'une seconde à l'irlandaise pour saisir la situation. Et elle attrape Esha à la volée, bras qui s'enroule autour de son poignet alors qu'elle tentait de retourner frapper son adversaire. Action vaine au vu de l'état dans lequel elle est, blessures antérieures au combat qui n'ont pas guéri alors que d'autres viennent s'accumuler. Corps sanguinolent, plaies boursouflées elle est pas belle à voir la p'tite. Si elle est belle, ce soir elle l'est moins que d'accoutumée. Sa poigne est ferme, ne laisse aucune issue de sortie à l'enfant qu'elle s'est jurée de protéger en ces lieux. Un rire jaune sort des lèvres de l'arbitre en écoutant les mots qui lui sont adressés, les mouvements exercés par la môme qui essaye de se libérer de son emprise. « Même pas en rêve. Tu viens avec moi. » L'irlandaise grogne en retour, entraînant sa cadette avec elle dans le bureau qu'elle partage avec sa sœur aînée. Elle lui montre du menton la chaise qu'elle occupe habituellement, peu inquiète de la tête qu'elle aura après le passage sanglant de l'enfant. Elle se saisit de la trousse de premier secours rangée dans le dernier tiroir de son bureau, avant de se mettre à hauteur de son amie, imbibant un coton d'alcool. « Putain mais à quoi tu pensais Esha ? T'es devenue folle. » souffle l'arbitre, excédée. Elle vient coller le coton alcoolisé sur l'arcade de la brune, soucieuse de son bien-être. Parce que c'est pas n'importe quel combattant qu'elle regarde comme une liasse de billets vivante, pas comme un de ces types qu'elle déposerait simplement devant les urgences s'il était trop amoché. Non, pas Esha. Elle lui est trop précieuse pour qu'elle ose penser à l'abandonner, sans penser de ce qu'Elijah lui dirait s'il savait qu'il l'avait laissée seule dans cet état là.

30/07/2019

i'll put my armor on, show you how strong i am

You'll never see what's hiding out, hiding out deep down. @Deirdre Byrne

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Il a de la chance que Dee te retienne. Il a de la chance qu'elle soit là, l'arbitre reine du ring, car tu lui aurais sauté à la gorge, sinon. Et t'aurais écrasé son ego masculin sous ta semelle, craché ton venin pour montrer que si tu le voulais, tu serais prête à lui faire subir la pire humiliation de sa vie – au moins pour te venger de celle, pathétique, qu'il vient de te porter. Qu'il parte avec le sourire, t'as son visage en tête et le goût de la revanche mêlé à celui ferreux du sang en bouche, il ne paye rien pour attendre.
C'est ce que tu te dis, Esha, alors que tu le regardes s'éloigner avec ses potes, supporters, t'en sais rien et tu t'en fiches. Toi, tu restes plantée là. Par obligation, parce que, malgré tes grognements d'animal touché par la rage, elle n'abdique pas, Dee. Elle n'a jamais cédé devant ta colère de toute façon, tu sais d'avance que c'est vain, même si ça te tue de l'admettre.
Peut-être que c'est toi, qui as de la chance que Deirdre te retienne. Parce que la haine ne fait pas tout, ton corps n'aurait pas tenu face à tes excès de colère exagérés. La glace se brise quand tu te tiens sur le ring et que tu te retrouves sous tous les regards, cible facile de jugements, de moquerie, de persiflage, car ça se saurait si le Mosh Pit était temple du respect. T'as besoin d'être agressive, Esha, t'as besoin d'être ce fauve en cage qu'on affame depuis des jours pour garder le rythme, le niveau, pour te débarrasser de cette vulnérabilité irritante.
Mais t'es amochée. Déjà avant le combat tu l'étais, tu le sais pertinemment – tu ne sais pas écouter ton corps quand ton esprit est trop encombré. Tu étouffes ta raison et tu ne réfléchis plus, tu fonces, et voilà où ça te mène.

Ta poitrine se soulève avec force, respiration saccadée, sifflement entre les dents serrés à t'en péter l'émail, alors que le rire jaune de Deirdre parvient jusqu'à tes oreilles.
— Même pas en rêve. Tu viens avec moi.
Et tu ne protestes même pas. Vous vous prenez souvent la tête, toutes les deux, mais Deirdre, elle peut avoir l'audace de dire qu'elle est l'une des seules personnes dans ce bas monde que t'écoutes un minimum sans broncher. Tu râles moins sur elle que sur Elijah, c'est dire.
Tu ne prêtes plus attention à la foule, au bureau dans lequel elle t'emmène, à la chaise sur laquelle tu t'assois – tu t'affales, plutôt, avec la délicatesse digne d'un pachyderme. T'es fatiguée, Esha. Épuisée, exténuée, t'as juste envie de rentrer, d'éviter la leçon de morale que Dee s'apprête à te faire, parce que tu sais qu'elle va le faire, tu la connais.
— Putain mais à quoi tu pensais Esha ? T'es devenue folle.
Bingo. Mais tu n'as pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle vient appuyer le coton sur ton arcade, et tu effectues aussitôt un mouvement de recul, laissant échapper un gémissement non sans une grimace de douleur.
— Bordel, fais gaffe, ça fait mal cette merde... grommelles-tu, ingrate.
Tu évites son regard, bien que tu sens le sien sur toi, alors tu te remets correctement sur ta chaise et tu commences à fixer le sol – avec un sentiment de déjà-vu qui te vient en tête, parce que ce n'est pas la première fois qu'elle se retrousse les manches pour te rafistoler, Deirdre. T'es pénible.
— Juste... j'en avais besoin, OK ? que tu finis par balancer, besoin étrange de te justifier auprès d'elle. Y'a rien de grave. Il a juste compris où il fallait frapper, ce... connard.
Tu es tellement de mauvaise foi Esha, ça en devient ridicule. Et une douleur insupportable te vient dans les côtes, maintenant que l'adrénaline redescend petit à petit, un peu comme pour prouver que ton "rien de grave", c'est clairement du pipeau.
Ferme dans ta voix, mais, les épaules relâchées, tu donnes une impression d'hésitation, si ce n'est même de gêne, tout d'un coup.
— J'avais besoin de venir.
Mais à quel prix ?

(c) oxymort

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