(event) there's an empty place in my bones, that calls out for something unknown

T'aurais pas pensé que préparer cette soirée serait aussi amusant. Les heures passées à préparer des décorations, à faire cette playliste, à louer des lumières et même cette machine à fumée. Franchement, t'as bien plus kiffé que ce qui tu l'pensais au départ. Par contre pour ton costume, t'aurais pu faire mieux. Parce que ressortir de ton armoire tous tes vêtements que t'as déchirés en skatant pour t'en servir de costume, c'est plutôt facile. Même ta vieille planche, brisée en deux, te sert d'accessoire ! Parce que ouais, t'as pas été chercher plus loin que ça : t'es un simple skateur zombie. Du faux sang sur tes vieilles fringues et sur ton visage, avec une fausse plaie ouverte en plus sur ta joue droite, rien de plus. Ha non, pardon ! Il faut pas oublier ta moitié de skate, que tu trimballes partout avec toi, depuis le début de la soirée. Et t'es en train de te dire que tu finiras sûrement pas la soirée avec. Enfin voilà, t'es là, dans votre couloir à discuter avec Wyatt, une Luna en mode Medusa collée à toi. Bière à la main, tu rigoles à gorge déployée, quand du coin de l'oeil tu la vois. Scarlett, qui descend les escaliers en face de toi. Tu l'as pas reconnue tout de suite, mais à l'instant même où ça tilte dans ton petit cerveau déjà alcoolisé, tu t'éloignes légèrement de ton ex. Simple réflexe inconscient. Et quand tu réalises que t'es en train de la fixer un peu trop longuement, tu tournes la tête rapidement. Tu fais mine de rien, mais ça sonne faux, comme quand tu demandes à Luna d'aller vous chercher de nouvelles bières dans la cuisine. Pourtant, elle file, en laissant un rapide baiser sur ta joue, sans poser de question. Et tu continues de faire comme si tout était totalement normal, partagé entre l'envie que Scar débarque dans les secondes qui arrivent, et celle, qu'au contraire, elle file ailleurs. Non, en fait non. T'as envie qu'elle vienne, de tout ton corps et de ton coeur. Mais ta tête, elle, elle se dit que ce serait plus facile, qu'elle se glisse dans le salon, sans vous remarquer.

T'es en train de déchirer l'étiquette de la bouteille de bière vide que t'as entre les mains. Petit à petit, laissant les minuscules morceaux de papier tomber à tes pieds. C'est un moyen comme les autres de t'occuper les mains, l'esprit. Parce que t'as beau tenter de rester focus sur ce qu'Aiden est en train de te dire, t'as pourtant toutes les peines du monde à le faire. Tu tentes en vain de ne pas trop prêter attention à ta vision périphérique, celle-là même qui scrute ton environnement, pour capter la présence de Scarlett qui se rapprocherait. Et c'est au moment où t'as enfin réussi à plus te concentrer sur cette foutue étiquette récalcitrante, qu'elle débarque. Sa voix te fait légèrement tressaillir, comme un écho à cette décharge électrique qui se faufile le long de ton échine, jusqu'à irradier ton palpitant. Elle a beaucoup trop d'effets sur toi, des effets que tu maîtrises pas, des effets que t'aimerais pouvoir effacer, mais dont tu te délectes pourtant avec plaisir à chaque fois. C'est l'bordel dès qu'elle est là. Dès qu'elle s'approche de toi. Putain Maksy respire ! Tes yeux viennent de se poser sur elle. Elle porte tes vêtements, un de tes t-shirts, évidemment trop long pour elle, lui sert de tunique et ta casquette à l'envers sur ta tête. De la voir avec ce look, t'en as le souffle coupé. Parce que t'as toujours eu un faible pour ce style, y a qu'à voir Luna. Mais surtout parce que ce sont tes fringues sur sa peau. Et ça, putain, qu'est-ce que ça te plaît ! C'est une sorte d'instinct, un vieux truc de possessif, comme si, une fois dans tes habits, une fille t'appartenait un peu. T'essaies de paraître le plus détaché possible, alors que t'as qu'une envie : la plaquer contre le mur et remonter ta main le long de sa cuisse, pour savoir si elle a aussi pioché dans tes boxers pour terminer son déguisement. Rien qu'à cette idée, t'as la tête qui te tourne. Aller ressaisis-toi Orlyk. T'as encore cette expression de type blasé par la life, qui te colle à la face. « que t'es déguisée en meuf de Maksy » La fin de la phrase résonne dans ton crâne, et t'as envie d'étriper ton pote, là tout de suite, sans sommation. Tu perds le contrôle de tes expressions faciales l'espace d'un instant, te contentant finalement de fusiller du regard le brun à tes côtés. Trop concentré sur ta propre réaction, que tu tentes de contrôler, tu remarques pas celle de Scarlett. Et une fois ton expression impassible récupérée, tu assènes un coup de poing sur l'épaule d'Aiden. Assez fort pour le faire reculer d'un pas, mais assez doucement pour ne pas lui faire mal pour autant. « Ta gueule Aiden ! » T'as le ton plus agacé que voulu. Et aussitôt tu reportes ton attention sur la jolie brune en face de toi. « C'est un choix… intéressant. J't'aurai pas imaginé porter ça. » Encore une fois, le ton utilisé n'est pas celui voulu. Tu sonnes comme un vieux con en train de la juger méchamment. Alors qu'en réalité, tu sais juste pas comment t'exprimer. Parce que lui dire que là tout de suite, t'as juste envie de lui arracher ton t-shirt et qu'elle ne garde que ta casquette pour lui faire, ô tellement de choses que t'oserais jamais dire à haute voix. Ça le ferait clairement pas.

C'est à toi, que t'as envie de balancer un coup de poing maintenant. Parce que tu remarques, trop tard, que ta manière de lui parler, sonne toujours faux. Que tout sort de travers. Et quand tu encaisses sa réaction, c'est un peu comme si tu l'avais reçu ce coup. Là, juste là, sous ton sternum, entre tes poumons. Et ça fait putain de mal. T'as envie de la retenir par le bras, et lui dire que c'est pas ça que tu voulais dire. Mais t'en fais rien, parce que peut-être qu'elle le pense vraiment. Peut-être qu'elle trouve vraiment ton style à chier, et qu'au final, c'était juste une blague. Un moyen de se foutre de ta gueule, toi, le pauvre mec, qui ne sait s'habiller qu'avec le merch de ses groupes préférés. C'est l'ascenseur émotionnel, exacerbé par l'alcool qui flotte dans ton sang. Mais t'as pas le temps de trop y réfléchir, que Luna est de retour à ton bras. T'as juste eu le temps de voir Scar remonter à l'étage, et puis une bière était tendue sous ton nez. Et là, tu réfléchis plus, blessé, paumé, bourré, t'as toutes les excuses du monde qui te passent par la tête, alors que tu sais pertinemment, qu'aucune n'est véritablement valable. Et tu remercies Luna, avant de boire une gorgée houblonnée, un peu trop longue, un peu trop pressée. T'as vidé presque la moitié de la bouteille d'un coup, alors que tu glisses ta main sur la hanche de la petite blonde. Tu l'attires contre toi, ta main allant jusqu'à se perdre sur ses fesses, et tu l'embrasses. C'est un baiser désespéré, parce que t'y noies toute ta frustration, tout ce que tu te reproches, tout ce que t'as fait de faux. Et même si être si proche de Luna, c'est un peu comme être à la maison, y a à présent un quelque chose qui cloche. Ce n'est plus aussi agréable, ce n'est plus aussi naturel. Ce n'est plus aussi right. Tu devrais arrêter tes conneries, pourtant t'en fais rien. Tu refoules même cette petite voix, qui te répète que tu fais de la merde. Tu préfères te perdre dans ce baiser, et oublier tout le reste, en faisant danser vos langues, sur un rythme que vous connaissez par coeur.

T'as pas entendu Aiden s'éloigner, t'as pas entendu la musique changer, en fait t'as rien remarqué. Pas plus que le fait, qu'à présent, Luna est appuyée contre un mur, vos corps collés l'un contre l'autre, ta jambe glissée entre ses cuisses. T'as fait presque un black out, et quand tu t'en réveilles, tu te rends compte de la merde que tu viens de faire. Faut que tu prennes l'air, que tu te ressaisisses. « Je reviens, j'dois pisser. » Tu murmures à son oreille, et brises lentement le contact entre vos deux corps. Tu te barres pas comme un connard, même si t'en es un à ce moment précis. Tu la laisses avec un baiser sur le front et tu décides de te diriger vers la porte. En marchant, plus ou moins droit, tu finis de descendre ta bière cul sec. Ça n'arrangera rien à ton état, tu l'sais, mais au point où tu en es… Faut que tu respires un peu, que tu te calmes. T'es bien décidé à sortir, mais tu t'arrêtes net quand tu la vois. Elle est redescendue entre temps, changée. Et malgré sa tenue, tu peux pas t'empêcher de te sentir réellement blessé, par ce changement de fringues. C'était donc vraiment ça, elle voulait juste se foutre de ta gueule. Tu t'apprêtes à reprendre ton chemin, quand les sales pattes d'un type -un autre type que toi- viennent se poser sur ses hanches et la font danser. Tu te répètes de pas réagir, de continuer ta route. Que c'est pas tes affaires. Qu'elle te doit rien, et qu'il y a même pas deux minutes tu roulais une grosse pelle à ton ex. Mais sans même t'en rendre compte, t'es déjà à sa hauteur. Juste derrière elle, tu surplombes l'autre type de quelques bons centimètres, et tu lui fais signe de se barrer. Il te regarde un instant, pas vraiment enclin à s'exécuter. Alors, tu te fais possessif, tu t'avances aux côtés de la brune, et cette fois, c'est par les gestes, que tu lui fais comprendre de se barrer. T'es pas un violent, alors c'est juste un signe de la tête et main posée sur son bras, que tu lui sers. Une main, qui se crispe pourtant sur son biceps, pour qu'il comprenne bien, qu'il a plutôt intérêt à dégager. Tu peux sûrement remercier ton air pas commode et ta grande taille, pour sa réaction qui ne se fait pas attendre, vu qu'il bat en retraite sans demander son reste.
Ça te prend un instant pour te retourner vers elle. Parce que tu réalises peut-être ce que tu viens de faire. Et que ton cerveau est en train de tenter de te faire comprendre que c'est pas une bonne idée. Mais l'alcool lui fait parler une langue, que tu ne sembles plus comprendre. T'es grand Maksy, bien plus qu'elle en temps normal. Mais perchée sur ses talons, elle gagne quelques précieux centimètres, qui ne suffisent pourtant pas à te rattraper. T'es là, planté devant elle, sans bouger. Tes yeux ne quittent pas les siens. Tu l'as jamais regardée comme ça. T'as jamais eu l'air aussi sûr de toi. Tu ressembles plus à un chasseur qui contemple sa proie avant de la dévorer. Jouer les mâles alpha ça n'a jamais été ton délire, pourtant, à cet instant, tu maîtrises plutôt bien le rôle. T'as toujours pas dit un mot, quand tu retires délicatement les oreilles de chat qui ornent sa tête. Et tu les remplacent par ta propre casquette. « J'te préférais avec ma casquette. » Que tu viens murmurer à son oreille, avant de poser une main conquérante sur sa hanche, commençant à bouger au rythme de la musique. Tu l'attires pas encore contre toi, t'attends de voir si elle le fera d'elle-même.