triste est la note.

UN. t’as pas connu l’amour comme on le voit à la TV. Ta vie n’est pas le feuilleton de l’après-midi. De toutes façons, ils savent pas jouer la comédie, ils sont ridicules à essayer de se rabibocher. Tu vomis face à cette vision qu’ils essayent de mettre dans vos crânes. Non toi, la nuit, tu fermais tes petites yeux aussi fort que possible. Tu implorais qu’il arrête ce vacarme qui réveillait le quartier, t’en as encaissé des coups, toi aussi tu t’es réveillé avec les côtes qui te faisaient terriblement mal, tu tremblais de peur quand il arrivait encore soul d’avoir traîner dans les bars. Souvent tu le regardais par la fenêtre quand les voitures aux vitres teintées arrivaient devant chez toi, qu’il se faisait menacer et intérieurement, tu sais que tu n’aurais pas dû, mais tu priais n’importe quel bon dieu qu’il se fasse descendre là sous tes yeux. Car en revenant à la maison, c’est vous qui subissiez la colère des menaces qu’il recevait. C’est Aleskei qui a prit le plus de coups, c’est lui qui t’a protégé, c’est lui qui a protégé ton autre frère Misha, c’est lui et toujours lui qui s’est relevé pour ne plus qu’il vous frappe. En ça tu lui seras éternellement reconnaissant. C’est ton frère, c’est lui qui a mit fin à votre calvaire. C’est lui qui est revenu un soir à la maison les mains recouvertes de sang, t’avais 10ans et tu t’en rappelles comme-ci c’était hier. T’as jamais rien dit, juste à Misha, et c’est peut-être mieux ainsi. DEUX. l’école ça a jamais été pour toi. T’aimais pas, parce que rester assit tu le supportes pas. Alors t’étais connu dans l’établissement, les filles elles te regardaient, t’étais populaire à ta manière, avec tes potes, vous étiez invincibles, vous étiez beaux, le monde vous appartenait. Les profs ne pouvaient pas t’encadrer. T’arrêtais pas de parler, tu te levais et sortais de classe sans leurs accords, c’est pour ça qu’ils ont décidé de ne plus t’accepter dans leurs cours. Sur la fin, t’y allais même plus. Tu traînais dans les couloirs, t’as même été choppé entrain de peloter une de tes camarades de classe dans la cagibis de la femme de ménage, les doigts dans sa culotte, la honte pour elle, tu ne faisais qu’ajouter un titre de plus à ton palmarès. T’as même pas été fichu d’aller jusqu’à la fin de tes études. Tu faisais l’école buissonnière, celle qui t’a fait grandir. T’aimais pas les études, à quoi ça t’aurais servi d’avoir un diplôme ? T’as eu le droit aux remontrances de tes aînés, t’as juste roulé des yeux face à leurs serments.  TROIS. Parfois tu t’emportes face à ta mère. Tu ne vis plus avec elle depuis plusieurs mois. Tu vivais déjà quasiment plus à la maison depuis que t’avais arrêté l’école. T’as retourné chez elle une fois que t’es sorti de prison, parce que t’avais plus de repère, mais face à elle, tu supportais pas son regard vide à longueur de journée, tu supportais pas de la voir errer sans but dans les couloirs. Le parquet grinçant sous ses pas, ça te met hors de toi de savoir qu’elle n’arrive pas à se reconstruire depuis qu’il n’est plus là. Depuis que votre cauchemar est terminé, putain, vous avez réussi à vous en sortir alors pourquoi elle ne fait pas de même ? Tu la reconnais même plus, pour peu que tu l’ais déjà connu. Alors t’es dur dans tes mots, tes propos la font pleurer, encore une fois tu te mets à dos tes frères, parce qu’ils ne supportent pas que tu lui parles comme ça. T’es volontairement méchant pour qu’elle ait ce déclic, tu la blesses dans ta langue natale sans jamais être vulgaire. Elle t’a mit au monde, dans la douleur, mais elle reste ta mère et tu ne veux qu’une seule chose, qu’elle reprenne, qu’elle prenne enfin goût à la vie. C’est ta mère, et tu l’aimes. QUATRE. Tu tapes dans la poudre blanche que tu donnes à tes petits dealers. Au début tu faisais que goûter la marchandise, être sûr de savoir ce que tu vendais, c’est le plus important la relation de confiance entre toi et ton clients. Tes dealers le savent, ils t’ont déjà vu te servir dans la cocaïne que tu leurs donnes pour faire leurs courses. Mais ils ne disent rien, t’as déjà tué un homme, t’as le sang qui coule sur tes mains, un sang que tu n’arrives pas à effacer, alors devoir en tuer un autre parce qu’il t’aura balancé, ça ne te fais pas peur, ça te fais chier, mais t’as pas peur. T’es pas addict, t’aimes juste ton rail de coke en soirée quand tu rinces ta bande à coup de magnum en boîte de nuit. T’aimes aussi t’en prendre un autre quand tu te réveilles de tes cauchemars ou tu te vois subir la violence de ton père. C’est depuis que t’es sorti de prison, c’est depuis que tu as repris ton appartement. Mais ça encore, si tes frères l’apprennent, alors qu’ils essayent de te faire grandir, qu’est ce que tu vas devenir ? Putain t’abuses et tu le sais, mais c’est plus fort que toi, tu te prends pour le roi du monde, prends du plomb dans la cervelle ! CINQ. T’es tombé amoureux une fois. Parce que ton frère a réussi à mettre la main sur l’aînée, toi t’as prit la p’tite. C’était beau, t’étais amoureux, tu peux le dire, t’as pas peur de le dire, t’étais amoureux d’elle, tu voulais lui faire un gosse, tu voulais l’emmener au dessus des nuages, t’as juste réussi à la perdre. Parce que l’amour qu’elle avait pour toi ça te faisait peur. T’as cogné pour elle, t’as tué pour elle, t’es allé en prison pour ça, mais t’étais pas là pour la soutenir. C’était acquis pour toi, alors qu’elle t’avait dans la peau, tu t’es reposé, pensant qu’elle serait là quand tu rentrais de tes soirées avec tes potes. T’es plus avec, ta faute, tu l’as trompé, pour te prouver que t’étais pas un chien qui attendait les ordres de sa maîtresses. Tu voulais que ça soit différent, finalement t’as juste reproduit ce que tu vois depuis des années. T’es un lâche, t’es lâche de l’amour que tu lui portais. Elle te mérite pas, tu mérites pas une beauté comme elle. Mais maintenant que vous n’êtes plus ensemble, tu supporterais pas qu’elle tombe dans les bras d’un autre. Au fond tu l’aimes, t’es juste stupide de vouloir garder ta liberté, mais kho, elle te privera jamais de ça, tu le sais. SIX. Avec Misha, ton autre frère, en ce moment c’est pas le beau temps. Tu le trouves froid, tu le trouves distant, vous ne partagez plus grand-chose et ça te ronges. Depuis qu’Aleksei est dans son fauteuil, ce n’est plus pareil. T’as été con, t’as mal fait ton coup, tu penses qu’il t’en veut de ce résultat, et il t’en veut sûrement de ça, mais t’oses pas aller le voir, t’oses pas l’affronter et lui demander ce qu’il a. Ça te fait mal au coeur de voir que vous vous éloignez. Tu ne veux qu’une seule chose, retrouver ton frère, retrouver ta complicité. Il t’a toujours protégé, les deux t’ont toujours mit de côté que tu ne tombes pas du mauvais côté, tu leurs dois tout, alors pour une fois, tu devrais prendre ton courage à deux mains et discuter avec lui. Mets ta fierté de côté et dis lui qu’il te manque, que Misha te manque avant qu’il ne soit trop tard. SEPT. Ta bande de pote, celle que tu connais depuis que tu joues au football dans la rue, t’en es le leader et ton rôle de chef te va comme un gang. Y’a les liens du sang avec les Salenko, et de l’autre côté y’a les liens que tu as voulu avoir avec eux. Tu les as choisi, t’as besoin d’eux dans ta vie. Ils te remettent les idées en place quand tes chevilles gonflent de trop. C’est tes potes et c’est important. Ça a peut-être foutu en l’air ta relation avec Victoria mais pour rien au monde tu tourneras le dos à ces mecs qui te supportent depuis des années. Tu ne sors qu’avec eux, tu ne fais la fête qu’avec eux, tu ne deales quasiment qu’avec eux. Y’en a, ils font partis des Hellhounds, le crew de ton frère, cette bande dans laquelle t’es rentré tu ne sais plus trop comment mais dont aujourd’hui tu ne peux plus sortir, déjà parce que tu n’en as pas envie, mais aussi parce que tu prends une place importante au sein de l’entreprise fleurissante. On murmure que t’as le leadership d’Aleksei, que si tu te posais enfin tu aurais le calme de Misha, t’as tout de la relève qu’ils attendent mais tu fais rien, t’acceptes le rôle qu’on te donne et tu joues les fainéants. HUIT. T’es allé en prison, t’as eu peur en prison mais tu ne le diras jamais. C’était pas la prison du quartier ou tout le monde te connaît. Salenko, ton pote de cellule il connaissait ton nom, les autres aussi, mais t’es le gringalet ! Ils t’ont pas touché parce qu’ils savaient qu’une fois sortie ils seraient dans la tombe juste à côté de celle de ton père, mais il y en a ils ont voulu jouer les caïds, t’as rien dit, t’as prit des coups en prison, t’as donné des coups aussi. T’es resté qu’un mois, mais t’as eu peur pour ta vie, tu les entendais te siffler, y’en a, ils aurait bien aimer s’offrir ton p’tit cul d’Ukranien, tu t’es pas laissé faire, tu t’es défendu mais t’en as parlé à personne. T’as gardé la tête haute ta gonflé le torse, tu pensais y rester des années, t’as fait qu’un mois et c’était largement suffisant.